Prix Claude-Kistabish : Récompenser la persévérance avant les notes

3 octobre 2017

Maude Amyot est la première Autochtone à recevoir le prix Claude-Kistabish remis par le Bureau des bourses d'études de l'Université de Montréal pour reconnaître les efforts et la persévérance d'un ou une étudiante fraîchement diplômé.

Depuis qu’elle est toute petite, Maude Amyot entend son père lui répéter à quel point il est important d’aller à l’école. Si l’argent ne fait pas le bonheur, lui dit-il, il permet au moins d’acheter le nécessaire et même d’avoir une voiture.

Maude a retenu le conseil. Elle vient de terminer un baccalauréat en traduction à l’Université de Montréal et, la cerise sur le gâteau, elle vient d’empocher 1000 $ pour sa persévérance et les efforts qu’elle a déployés pour obtenir son diplôme.

La jeune femme, dont les ancêtres du côté paternel sont originaires de la communauté de Wendake, est la première Autochtone à recevoir le prix Claude-Kistabish.

Remis par le Bureau des bourses d’études de l’Université de Montréal, il est décerné à un étudiant des Premières Nations, inscrit au registre fédéral des Indiens, qui a fait ses études de premier cycle et qui a obtenu son diplôme.

Un exemple à suivre

Être diplômé, c’est ce que souhaitait Claude Kistabish. À 44 ans, cet Abitibiwinni de la communauté de Pikogan avait entrepris un baccalauréat en anthropologie, spécialité archéologie. Il caressait un rêve, celui de devenir le premier archéologue algonquin du pays.

Pour y arriver, il avait d'abord eu à vaincre un problème de consommation d'alcool.

« C’était un modèle de persévérance », souligne Marie-Pierre Bousquet, professeure titulaire au département d’anthropologie de l’UdeM et l’instigatrice du Fonds Claude-Kistabish.

« Il avait dû travailler très fort, partir en ville, quitter les siens, sa communauté, ses réseaux, trouver des bourses d’études, redevenir un étudiant, se remettre à niveau, tout ça dans sa seconde langue, puisque sa première langue était l’anishnabe mowin, la langue algonquine.» 

Après avoir obtenu son baccalauréat, il avait poursuivi à la maîtrise. Il avait rédigé la moitié de son mémoire quand la maladie l’a stoppé en 2013. Claude Kistabish est décédé en avril 2016.

C’est à sa mémoire que Marie-Pierre Bousquet, sa codirectrice de maîtrise, a proposé la création du Fonds Claude-Kistabish, et « dans le but d’encourager les étudiants des Premières Nations à poursuivre des études postsecondaires en reconnaissant leurs efforts et leur persévérance. »

« Ce n’est pas évident de se dire Amérindien dans une université », constate Mme Bousquet, qui est directrice du Programme en études autochtones à l'Université de Montréal.

« On parle beaucoup du décrochage scolaire, mais on parle peu des étudiants qui arrivent à l’université. Tout ne leur est pas payé, précise-t-elle, c’est une des fausses idées qui circulent, ça représente énormément de sacrifices. »

Marie-Pierre Bousquet a d'ailleurs décidé de verser tous les droits d'auteur de son livreLes Anicinabek: du bois à l'asphalte; le déracinement des Algonquins du Québecparu aux Éditions du Quartz, pour enrichir le Fonds Claude-Kistabish. Le montant du prix remis annuellement dépendra des sommes reçues d'année en année.

Un prix et non une bourse d'excellence

Des sacrifices, Maude Amyot en a fait pour assurer son avenir et obtenir son bac en traduction. Mais elle tient à souligner le soutien de sa communauté et particulièrement du Centre de Développement et de Formation de la Main-d'oeuvre Huron-Wendat à Wendake. Aujourd’hui Maude se cherche un emploi.

« Avec un diplôme en poche, que ça soit universitaire, collégial ou professionnel, ça aide à avoir une certaine garantie d’un salaire convenable qui nous permet de vivre et pas de survivre », conclut la première lauréate du prix Claude-Kistabish, un prix et non une bourse d’excellence qui lui a été remis dans le cadre de MITIG, la Semaine autochtone de l’UdeM.

 

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