Le Dr Stanley Vollant a repris mercredi sa marche de 6000 kilomètres dans le cadre du projet Innu Meshkenu à Pikogan, où il a semé l'espoir parmi les jeunes et les moins jeunes, les 7 et 8 février. Cette 15e étape lui permettra de relier le territoire anishinabe à celui de la Nation Crie, alors qu'il doit marcher avec quatre autres personnes les 257 km qui séparent Pikogan de Waswanipi du 8 au 19 février. La veille de son départ, il a participé à un souper communautaire où était projeté le documentaire Stanley Vollant – De Compostelle à Kuujjuaq. Le 8 février, il est parti de Pikogan après avoir rencontré les quelque 114 élèves de l'école primaire Migwan. «Aujourd'hui, je marche 16 kilomètres jusqu'à Saint-Maurice. Il fait froid. Vous allez marcher avec moi jusqu'à la sortie de Pikogan. Vous allez me donner beaucoup d'énergie, vous allez me donner des ailes pour continuer, pour persévérer dans ma marche», leur a-t-il notamment dit, illuminant ainsi leurs visages. Savoir se relever Dr Stanley Vollant en était à son deuxième arrêt à Pikogan, lui qui avait passé par la communauté anishinabe en 2013 alors qu'il reliait Rapid Lake au Témiscamingue en passant par Rouyn-Noranda. Chaque fois, son message résonne. On pourrait entendre une mouche voler, tellement les élèves sont attentifs et captivés, notamment quand il leur raconte avec humour comment il ne se destinait pas à devenir le premier chirurgien autochtone au Québec, lui qui avait peur du sang et des morts. « Il faut avoir des rêves et les réaliser. Il faut persévérer. Il faut aussi être fier de qui on est, que l'on soit Autochtone ou non Autochtone. Il faut se réaliser pleinement. Je porte aussi un message sur les saines habitudes de vie. Il faut prendre soin de soi au niveau physique, mental et spirituel. C'est très important pour moi. Je suis tombé plusieurs fois et j'ai toujours su me relever. Ce que je dis aux jeunes, c'est que le chemin des rêves n'est pas linéaire. Il y a parfois des croches, c'est plus long qu'on le pense bien souvent. Il ne faut jamais se décourager et savoir se relever. Tomber, c'est normal. Il n'y a personne qui ne tombe pas», a fait valoir Dr Stanley Vollant, en entrevue. Le bâton des rêves Pendant ses courtes conférences, il présente son bâton de marcheur qui est aussi son bâton de parole. Il lui permet de surmonter sa gêne pour s'exprimer en public. Mais c'est surtout un bâton qui permet de partager ses rêves. «Déjà 11 000 enfants ont partagé leurs rêves avec le bâton. C'est pour continuer d'y croire afin qu'ils se réalisent. Je vais revenir vous voir dans deux ou trois ans et vous demander si vous y croyez toujours», leur a-t-il confié. Un modèle Pour David Kistabish, chef du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni, le passage d'une figure comme Dr Stanley Vollant est toujours bénéfique pour sa communauté. «Il fait la promotion des saines habitudes de vie, de l'importance d'avoir des rêves et de les poursuivre. Il prend le temps à chaque visite de rencontre les jeunes. C'est quelqu'un de très accessible. C'est un modèle pour tous les Autochtones. On est très content de l'avoir parmi nous, qu'il prenne le temps de venir nous voir», a-t-il souligné. Une vague de fond vers la guérison Avec déjà plus de 5500 kilomètres parcourus, Dr Stanley Vollant s'apprête à atteindre son objectif de 6000 kilomètres cet été. Inspiré par son pèlerinage à Compostelle en 2008, le médecin de Dolbeau a pris les routes du Québec en 2010 avec l'objectif d'amorcer une vague de fond dans les communautés. Il a depuis rencontré plus de 25 000 personnes et 15 000 enfants. «J'ai des jeunes qui m'écrivent, qui avaient 13 ou 14 ans que je les ai rencontrés et que là, à 21 ans, ils me disent que je les ai inspirés et qu'ils sont au cégep ou à l'université. Je peux voir l'impact. Mais mon but n'est pas de convaincre tous les jeunes. Ça peut être 2, 3 ou 4 par communauté, qui vont ensuite influencer d'autres personnes dans un effet domino, a-t-il confié en entrevue. «On ne changera pas les conditions des Premières Nations en criant ciseau, a-t-il poursuivi. Quand j'ai fait une dépression, quelqu'un m'a dit qu'il me faudrait le même temps pour récupérer que ça m'a pris pour tomber en dépression. Pour les Autochtones, c'est la même chose. Il faudra malheureusement plusieurs générations pour régler la sommation des traumatismes historiques. Les pensionnats, la colonisation ont laissé des traces transgénérationnelles. Il faudra plusieurs générations pour les guérir. Il faut s'en rappeler, mais il faut vivre le présent pour bâtir un meilleur futur. Je pense que je ne le verrai pas de mon vivant, mais mes enfants vont le voir. Je vis avec cet espoir.» Cliquez ici pour lire l'article intégral de Martin Guindon - L'Écho / Le Citoyen (8 février 2017)