Le chef du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni à Pikogan, David Kistabish, a bien dû mal à croire qu'aucune accusation ne sera déposée en lien avec les allégations d'abus de policiers à l'endroit de femmes autochtones. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales du Québec (DPCP) doit rendre publiques vendredi ses conclusions dans ce dossier. Toutefois, les médias ont révélé mardi qu'aucune accusation ne serait déposée. L'enquête menée par le Service de police de la Ville de Montréal à la suite de la diffusion de l'émission Enquête en octobre 2015 n'aurait pas permis de réunir des preuves suffisamment solides pour aller plus loin. «Je sais qu'on n'aura le rapport final que vendredi, mais je suis aussi très conscient de ce qui sort dans les médias depuis hier. Ça soulève chez nous de l'incompréhension, des questionnements et surtout, une déception très profonde. On ne peut pas croire que sur ces 37 dossiers, il n'y en ait aucun qui puisse être pris au sérieux, qui soit assez crédible pour mener à des accusations», a déclaré mercredi le chef Kistabish. Une enquête indépendante Ce dernier craint que cette décision du DPCP ne vienne lancer un très mauvais message aux femmes autochtones qui auraient été victimes d'abus policiers. «Certaines attendaient de voir ce qui allait arriver avec ces premiers dossiers. Et là, de voir qu'aucun n'a été retenu, je ne crois pas que ça va leur donner le courage de dénoncer. Mais je tiens à dire à ces femmes qu'on va continuer de les appuyer et qu'on dénonce cette situation», a-t-il insisté. À l'instar de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), David Kistabish réclame une enquête indépendante au gouvernement Couillard. «On se fait dire qu'il n'y a pas assez d'éléments de preuves pour porter des accusations. Mais en même temps, on a demandé à des victimes d'abus de policiers de répondre à des questions posées par… des policiers. Le problème est peut-être là», a-t-il avancé. Besoin de ressources David Kistabish rejoint aussi l'APNQL dans sa demande d'un budget d'urgence pour offrir des services de première ligne aux femmes victimes de violence dans les communautés, pour les encourager à briser le silence et les aider dans leur processus de guérison. «C'est nous dans les communautés qui devons vivre avec ça. On demande aux gouvernements de nous aider, de nous donner les ressources nécessaires pour intervenir auprès de ces femmes. Jusqu'à maintenant, l'aide a surtout été dirigée en milieu urbain et on n'a rien contre ça, mais il va falloir aussi nous aider dans les communautés», a-t-il réitéré. Les relations se dégradent Le chef Kistabish se dit aussi très préoccupé par les réactions que soulève cette révélation depuis mardi. «On le voit sur les réseaux sociaux. On voit des réticences et surtout, une division, d'un côté comme de l'autre. Ça vient alimenter des préjugés et de l'intolérance envers les Autochtones et pas juste ici, mais à l'échelle du Québec», a-t-il déploré. Cliquez ici pour lire l'article intégral de Martin Guindon - L'Écho/Le Citoyen - 16 novembre 2016