Si les relations entre les Abitibiwinnis de Pikogan et l'industrie minière ont fait des bonds de géant au cours des dernières années, il reste encore beaucoup de travail à faire avant de parler d'une pleine reconnaissance de leurs droits. «On a beaucoup utilisé les médias pour se faire entendre et il a parfois fallu faire des démarches juridiques. On commence tout juste à se faire prendre au sérieux par Québec et l'industrie minière. Est-ce que ça pourrait être mieux? Oui. On n'a aucune entente à ce jour sur les répercussions et les avantages, mais ce n'est pas parce qu'on n'a rien de signé qu'on mérite moins que les autres nations», affirme d'entrée de jeu Alain Hervieux, responsable du territoire et des ressources naturelles au Conseil de la Première Nation Abitibiwinni. Ce dernier a été invité avec le vice-chef Bruno Kistabish à présenter la situation de Pikogan, lors du congrès Québec Mines, le 22 novembre, à Québec. Ils présentaient les défis et enjeux de leur communauté en lien avec l'exploitation minière sur leur territoire. Les pendules à l'heure «On veut remettre les pendules à l'heure, exprimer ce qui va bien et ce qui va moins bien, puis faire passer nos messages, confie le chef David Kistabish. Nous sommes en discussions avec toutes les mines sur notre territoire et on dirait qu'elles attendent toutes de voir qui sera la première à signer. Et ça s'en vient.» Il rappelle que les Abitibiwinnis occupent le territoire (Abitibiwinni Aki) depuis des milliers d'années, qu'ils n'ont jamais cédé leurs droits sur celui-ci et qu'ils entendent les faire respecter. «On veut démontrer l'étendue de notre territoire et l'étendue de l'activité minière sur celui-ci. Quels bénéfices en retirons-nous? Pas grand-chose. À vrai dire, jusqu'à maintenant, rien. Que faut-il faire pour se faire entendre?», demande le chef de Pikogan, qui croit que des ententes permettraient de développer de la formation, des emplois et des entreprises dans la communauté au bénéfice des futures générations. Progrès considérables Alain Hervieux reconnaît qu'il y a déjà eu beaucoup de progrès ces dernières années. «On n'est pas contre le développement, juste pas à n'importe quel prix. On veut protéger le territoire pour nos générations futures. La forêt est encore notre garde-manger. On veut poursuivre nos activités ancestrales. Des projets comme ceux de Royal Nickel (Launay) ou de Canadian Malartic ont un impact sur notre environnement», fait-il valoir. Mais il rappelle aussi que sa communauté part de très loin. «Il a fallu aller apprendre tout le processus à partir des claims jusqu'à la réalisation d'une mine. On veut connaître nos droits. On veut aussi que le gouvernement nous consulte en amont, qu'on puisse voir venir les projets sur notre territoire, souligne le conseiller. «On veut être prêts et avoir notre mot à dire. Nous devons aussi aller voir nos aînés avec ça. Ce sont nos experts. Ils connaissent les sites d'intérêt sur notre territoire. Et ça prend pas mal plus de temps que ce qui nous est alloué», déplore-t-il. L'importance de se structurer Si les communautés autochtones doivent se structurer pour négocier des ententes avec les minières, elles doivent aussi le faire pour en assurer le suivi. «On travaille fort, mais on est une petite organisation et on a beaucoup de dossiers sur notre table. Et là, on le voit avec les ententes survenues sur la Côte-Nord, ils ont beaucoup de difficulté à les gérer. C'est pourquoi on veut se structurer pour gérer ces ententes», insiste Alain Hervieux, qui envie les Cris pour les droits qu'ils ont obtenus avec la Convention de la Baie-James et la Paix des Braves. Cliquez ici pour lire l'article intégral de Martin Guindon - L'Écho/Le Citoyen - 22 novembre 2016