Colère, déception, et demande d’enquête à Val-d’Or

Des centaines de gens solidaires des Autochtones

18 novembre 2016

Colère, déception et demande d’une enquête indépendante sont revenues dans les revendications à la suite de l’annonce officielle du DPCP de ne pas porter d’accusations contre les policiers de Val-d’Or. L’émotion était palpable à la sortie de la rencontre privée organisée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales, vendredi matin. 

«Pour qu’il n’y ait pas d’accusations, ils se sont basés sur le système judiciaire du Québec. Il ne répond pas aux besoins des Autochtones. C’est inquiétant de dire qu’il n’y a pas assez de preuve pour arrêter des policiers, a estimé Françoise Ruperthouse, membre du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni de Pikogan. Il faut arrêter de fermer les yeux. On est des êtres humains. Toi, si ton enfant vient en ville et se fait violer, tu vas brailler. Moi j’ai peur pour mes enfants, mes petits-enfants, les femmes, les hommes et toute la communauté», a souligné Mme Ruperthouse.

«Le DPCP a quand même fait son travail et il y a une belle volonté de changer les choses à Val-d’Or. Nous, on dit qu’il faut aller au-delà de Val-d’Or, qui est juste la pointe de l’iceberg. Avec la bombe qui a éclaté, le défi est de répondre aux besoins des femmes et d’obtenir justice pour elles. Ça prend une enquête indépendante et une formation obligatoire pour les policiers au sujet des Autochtones», a fait valoir Vivianne Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec.

Rassemblement pacifique

Un rassemblement pacifique avait été organisé en après-midi pendant l’annonce du DPCP. Des centaines de personnes, Autochtones et Allochtones, ont répondu à l’appel. Le tout s’est déroulé dans le calme au son du tambour traditionnel agrémenté de pas de danse.

La déception était visible sur les visages et dans les discours. «Que les femmes soient de couleurs, elles restent des femmes. On fait partie de la société. Le DPCP dit que les suspects n’ont pas pu être identifiés. Comment peut-on expliquer la suspension de huit policiers s’ils n’ont pas été identifiés?», s’est questionné la cheffe de Lac-Simon, Adrienne Jérôme.

Un système difficile

«On est déçus et en colère. On dénonce les lacunes du système judiciaire depuis longtemps. Seulement 5 % des victimes d’agression sexuelle portent plainte. De ces dossiers, seulement trois sur 1000 mènent à des accusations. La décision du DPCP prouve concrètement que le système est très difficile, a estimé Judy Lafontaine, d’Assaut sexuel secours. On encourage les femmes à briser le silence et on est là pour les soutenir, qu’elles portent plainte ou non.»

«On ressent une amère déception. Je suis solidaire des femmes et on va traverser l’épreuve ensemble et panser nos plaies, a affirmé Édith Cloutier, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. On voit un grand mouvement de solidarité porteur d’espoir qui va au-delà de Val-d’Or. Les femmes autochtones ont demandé aux Québécois de leur tendre la main. Un profond changement s’amorce pour la réconciliation entre la société québécoise et le peuple autochtone.»

L'heure de la réconciliation

«On n’a aucune raison de ne pas croire nos femmes. On constate aujourd’hui que le DPCP avait clairement une limite. Cela met en évidence la nécessité d’un autre processus, car clairement, la justice semble à côté de la track par rapport aux réalités des communautés. On va continuer d’insister sur la tenue d’une enquête publique. Lundi, on prévoit détailler le mandat d’une telle commission», a indiqué Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

Du côté de l’organisme La Piaule, on souhaite travailler en commun afin d’offrir plus de sécurité aux gens vulnérables. «L’heure de la réconciliation est venue et nous tendons la main à tous ceux qui veulent construire un avenir où la voix de chacun importe», espère l’organisme dans un communiqué.

 

Cliquez ici pour lire l'article intégral de Mélanie Grenier - L'Écho/Le Citoyen - 18 novembre 2016

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