Des communautés dénoncent la poursuite des policiers

27 octobre 2016

Les communautés anishnabeg de Lac-Simon, Pikogan et Kitcisakik s’unissent pour dénoncer la poursuite des policiers de Val-d’Or contre Radio-Canada, la lenteur des procédures judiciaires et le manque de soutien financier dans les communautés.

Un peu plus d’un an après sa diffusion, les communautés réagissent à cette poursuite. Elles estiment que cette poursuite a jeté une douche froide sur les intervenants et les présumées victimes et se questionnent sur le pourquoi les témoignages de celles-ci peuvent être encore mis en doute aujourd’hui.

«Lors de la diffusion en octobre dernier, l’émission a mis en lumière les trop nombreux cas d’agressions et d’abus commis par des policiers envers les femmes autochtones. Cela a donné le courage à plusieurs victimes de sortir de l’ombre et de dénoncer. La mise en demeure de l’Association des policiers provinciaux du Québec risque de perpétuer la méfiance qu’ont les femmes autochtones et toute la communauté envers les policiers», estime Adrienne Jérôme, cheffe de Lac-Simon.  

« Geste odieux » 

Les femmes autochtones de ces communautés estiment que la poursuite représente un geste odieux qui ne vise pas la bonne cible. «Si des policiers ont été retirés de leurs fonctions ou placés en retrait administratif à la suite de ce reportage, ils devraient plutôt pointer du doigt le processus d’enquête interminable qui perpétue le climat de méfiance. À ce jour, aucune accusation n’a encore été portée», rappelle-t-on dans le communiqué.

«Nous avons toujours l’impression que lorsqu’il s’agit de cas d’abus ou de violence envers les femmes autochtones, les autorités policières ou gouvernementales font traîner les enquêtes dans l’espoir que le temps aide à faire oublier. Je pense à Sindy Ruperthouse, disparue depuis plus de deux ans. L’enquête sur les cas d’abus devrait, doit, être une priorité», exige Françoise Ruperthouse, conseillère d’Abitibiwinni et responsable du dossier des femmes.

Aide financière absente

Selon les trois communautés, aucune aide financière n’a été octroyée pour supporter les victimes d’abus et d’agression et leur famille.

«Lorsque le gouvernement du Québec a annoncé une aide substantielle pour des services, nous avons poussé un soupir de soulagement, car enfin, croyait-on, les communautés seraient mieux équipées pour faire face aux problèmes. Nous avons vite déchanté quand nous avons appris que les ressources étaient dirigées vers des organismes de Val-d’Or, se désole Adrienne Anichnapéo, cheffe de Kitcisakik.

«Nous ne sommes pas contre une aide à ces organismes qui font du bon travail. Cependant, en privant les communautés qui font le travail de proximité, les autorités perpétuent l’infantilisation des conseils qu’ils croient incapables de faire partie de la solution et privent du même coup les populations locales», ajoute-t-elle. 

 

Cliquez ici pour lire l'article intégral de Myriam Grenier / L'Écho Abitibien (25 octobre 2016)

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