La persévérance de feu Claude Kistabish pourra inspirer d'autres membres des Premières Nations avec la création d'un prix qui portera son nom à l'Université de Montréal. Le Prix Claude-Kistabish a pour but d'encourager les étudiants des Premières Nations à poursuivre des études postsecondaires en reconnaissant l'effort et la persévérance que cela demande. Décédé en avril, cet homme de Pikogan a entrepris un baccalauréat en anthropologie avec spécialisation en archéologie en 2004 (à 44 ans). Candidat à la maîtrise, il était en voie de devenir le premier archéologue algonquin avant que la maladie ne vienne freiner ses ambitions en 2013. «Pour moi, c'est une fierté et un honneur. Lorsqu'on m'a annoncé qu'il y aurait ce prix, ça m'a touchée. J'ai eu toutes sortes d'émotions, mais surtout de la joie. On a reconnu tous les sacrifices et les compromis qu'il faut faire. S'il y a un message que Claude aurait voulu dire, c'est sûrement qu'il ne faut pas se décourager et toujours continuer de faire de son mieux. Et qu'il n'y a pas d'âge pour retourner sur les bancs d'école», confie son épouse, Suzanne Mowatt. Caresser son rêve Elle rappelle avec fierté comment son mari s'est d'abord repris en main en 2001, en s'attaquant à son problème de consommation d'alcool. Puis, c'est en 2003, à la suite d'une conférence sur les fouilles archéologiques au lac Abitibi, qu'il a découvert sa nouvelle vocation. «C'est quelqu'un qui aimait fouiller, faire des recherches et lire. Ç'a cliqué tout de suite. Il a pu caresser son rêve de devenir archéologue. Chaque été pendant ses études, il faisait des fouilles. Il a fait des travaux au Témiscamingue et dans le parc d'Aiguebelle. Il aimait ça», se souvient-elle. Persévérance et ténacité Claude Kistabish avait rédigé la moitié de son mémoire de maîtrise quand il a dû subir deux greffes du foie en six mois, en 2013. Son parcours particulier ainsi que sa personnalité souriante et attachante auront laissé une empreinte indélébile partout où il est passé. Tous les professeurs et étudiants qui l'ont côtoyé se souviendront toujours de son sourire, de son enthousiasme et de sa persévérance. «Lors de son décès, j'ai eu envie de faire vivre sa mémoire. C'est un prix et non une bourse d'excellence qui va aux élèves qui ont des super notes. Nous, on recherche quelque chose qu'on n'arrive pas à noter, soit l'effort, la persévérance et la ténacité», explique Marie-Pierre Bousquet, instigatrice de ce prix et directrice du Programme en études autochtones à l'Université de Montréal. Un bel exemple Codirectrice de sa maîtrise, elle connaissait Claude Kistabish depuis de nombreuses années, ayant œuvré auprès de Pikogan à titre d'anthropologue. Selon elle, il représente un bel exemple à suivre. «Ce prix existe aussi parce qu'on a souvent l'impression, et c'est une idée complètement fausse, qu'il y a plein d'argent pour que les gens des Premières Nations puissent poursuivre leurs études. En plus de leur coûter cher, ils doivent souvent déménager dans une grande ville pour étudier. Ils n'ont pas de réseau, sont loin de leur communauté et doivent souvent laisser leur famille derrière eux. Or, on a besoin qu'ils viennent faire des études postsecondaires, pas seulement pour leur communauté, mais pour la société en général», estime Mme Bousquet, qui verse au Fonds Claude-Kistabish tous les droits d'auteur de son livre Les Anicinabek: du bois à l'asphalte; le déracinement des Algonquins du Québec paru aux Éditions du Quartz. Le Prix Claude-Kistabish Puisant dans le Fonds Claude-Kistabish créé pour l'occasion, le Prix Claude-Kistabish est destiné aux étudiants amérindiens ayant complété un baccalauréat à l'Université de Montréal, quelle que soit la discipline. Le capital du Fonds sera constitué d'un premier versement non capitalisé de 1500 $ provenant de dons multiples. Les sommes disponibles chaque année permettront de remettre annuellement une bourse de 750 $ à 1000 $. Le premier Prix Claude-Kistabish sera remis à l'été 2017. Les candidats devront être inscrits au registre fédéral des Indiens et expliquer, par un texte de 1000 mots, quelles ont été leurs principales sources de motivation à poursuivre des études postsecondaires jusqu’à l’obtention d’un baccalauréat. Cliquez ici pour lire l'article intégral de Martin Guindon - L'Écho / Le Citoyen (18 août 2016)