Le caucus libéral face aux doléances autochtones, à Val-d'Or

Les Algonquins de l’Abitibi-Témiscamingue veulent profiter de l’exploitation des ressources

15 septembre 2017

La nation algonquine réclame sa juste part des retombées de l’activité économique qui tourne à plein régime en Abitibi.

« On est ici. On existe. On veut juste être considérés et être reconnus »,

a déclaré le chef de Pikogan, David Kistabish, au pied d’un tipi érigé devant l’hôtel Forestel de Val-d’Or. Les élus libéraux s’y trouvent jeudi et vendredi afin de se donner un rythme de marche d’ici aux élections générales, le 1er octobre 2018.

Les représentants des communautés autochtones ont demandé au chef du gouvernement, Philippe Couillard, de leur donner une voix, particulièrement dans le démarrage de projets d’exploitation minière et forestière.

« On n’est pas contre le développement du territoire. On veut en être partie prenante. […] Ce n’est pas normal que — dans une région comme l’Abitibi-Témiscamingue où il y a tant de développement, minier, forestier — nos communautés soient surpeuplées et qu’on ait encore ces problèmes-là », a déploré M. Kistabish, réclamant du même souffle des « ressources » supplémentaires. « On ne se contera pas de menteries : on a des problèmes sociaux dans les communautés », a-t-il poursuivi, pointant une pénurie de logements.

En cette matière, « il faut que le Québec arrête de se cacher en arrière du Canada », a fait valoir la chef de Lac-Simon, Adrienne Jérôme. Sa communauté est aux prises avec une « crise du logement » : 2000 personnes s’entassent dans 300 logements. Un « logement décent » est un premier gage de « réussite » scolaire, a-t-elle soutenu.

« Génocide »

Mme Jérôme a aussi dénoncé l’« industrie » du travail social qui fleurit à Lac-Simon. Elle reproche aux nombreux intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) à pied d’oeuvre à Lac-Simon de faire fi des « façons de faire » — inspirées de la « culture » et de la « spiritualité » des Premières Nations — dans leurs techniques d’intervention. 

« C’est un génocide. Ça enlève du pouvoir aux parents. Ça réduit nos femmes au silence. Là, c’est le moment de dire : non, c’est assez », a-t-elle lancé dans un point de presse tenu en marge du caucus présessionnel des élus libéraux, à Val-d’Or, jeudi.

Mme Simon implore la ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, de « donne[r] beaucoup plus de pouvoirs » aux « aidants naturels » de la communauté de Lac-Simon afin de leur permettre de « faire la guérison de [son] peuple »« Laissez les parents prendre le chemin qu’ils veulent. […] Il y a du monde qui s’en sort chez nous juste par des cérémonies », a-t-elle déclaré dans un point de presse. « [Aujourd’hui], ils n’aident pas les parents, ils les mettent à terre et les laissent comme ça. »

Mme Jérôme voit d’un bon oeil le projet de loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse, actuellement à l’étude par l’Assemblée nationale. Celui-ci contraindra la DPJ à « aviser la communauté et [à] solliciter sa collaboration » lorsqu’un enfant autochtone est retiré de son milieu familial. Le cas échéant, l’enfant sera « confié à un milieu de vie qui vise à préserver son identité culturelle », peut-on lire dans le projet de loi 99.

Il s’agit d’un « premier pas », a indiqué la chef de Lac-Simon dans un entretien avec Le Devoir. Elle invite Mme Charlebois à bonifier le projet de loi 99 « dans une relation de nation à nation »« Il n’est plus question d’être le peuple invisible, mais bien d’être le peuple incontournable », a-t-elle déclaré.

 

Cliquez ici pour lire l'article intégral de Marco Bélair-Cirino / Le Devoir (15 septembre 2017)

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