Les Chefs des communautés algonquines d’Abitibiwinni, de Kitcisakik, de Lac-Simon et de Long-Point ont été choqués d’apprendre hier que le gouvernement du Québec avait autorisé le projet d’agrandissement de la mine aurifère Canadian Malartic. Pourtant, aucune consultation adéquate n’a été menée et d’aucune manière les Algonquins n’ont consenti au projet d’agrandissement de la mine. Il ne peut donc y avoir d’agrandissement de la mine tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’entente avec les Algonquins qui ont des droits sur le territoire concerné. « Le gouvernement du Québec a une obligation constitutionnelle de nous consulter et accommoder avant d’autoriser tout projet d’exploitation sur notre territoire ancestral, a déclaré la Cheffe de Lac-Simon, Adrienne Jérôme. Le gouvernement a l’obligation de respecter les droits des Algonquins et, à cet effet, il ne peut autoriser l’expansion de la mine Canadian Malartic sans avoir une entente préalable avec les Premières Nations ». En allant de l’avant avec le projet d’agrandissement de la mine sans avoir rempli ses obligations constitutionnelles de consultation et d’accommodement, le gouvernement ébranle la confiance des communautés qui possèdent des droits ancestraux et un titre ancestral sur le territoire qu’ils occupent depuis des milliers d’années. Par ce geste, le Gouvernement du Québec met délibérément en jeu les droits des Algonquins et lance un message négatif non seulement aux Algonquins, mais également à toutes les Premières Nations de la province. « Nous ne sommes pas contre le développement économique du territoire. Nous souhaitons seulement que notre peuple prenne une part active dans toutes les initiatives de développement de son territoire et puisse jouir des retombées économiques. Nous exigeons le respect de nos droits, dont celui au consentement libre, préalable et éclairé », a déclaré la Cheffe de Kitcisakik, Adrienne Anichinapéo. Dans le même souffle, et malgré l’annonce gouvernementale, la compagnie Canadian Malartic ne peut faire fi des droits des Algonquins et doit accepter de négocier de bonne foi une entente avec les quatre communautés algonquines. « L’autorisation du gouvernement du Québec n’est pas un permis de bafouer les droits des Premières Nations. La norme en matière d’exploitation minérale est pourtant claire. Les entreprises sont tenues de conclure des ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) avec les Premières Nations concernées », a ajouté le Chef intérimaire de Long-Point, Elvis Chief. Choqués par l’annonce impromptue du gouvernement, les chefs entendent prendre un peu de recul afin d’analyser l’ensemble du dossier et évaluer toutes les options à leur disposition. « Nous comptons prendre tous les moyens à notre disposition afin de protéger nos droits. La solution idéalement passe par la négociation, mais, si nécessaire, nous n’excluons pas le recours aux tribunaux », a conclu le chef d’Abitibiwinni, David Kistabish.